Inspiration of the Day:
A friend, inspired by my new feathered companions, recently loaned me a book written by Annie Dupery- a Parisian actress relocated to la Creuse… In Le Poil et la Plume she describes eloquently her reasons for relocating to this ‘forgotten’ part of the country, and her endeavors raising both chickens and cats (Fur and Feathers) in her rural garden… The opening text of her book puts it perfectly, (in words better than I can conjure) so I have left them in the original French (rough English translation follows).
J’ai la chance d’avoir un grand et beau jardin. Il est situé au centre de la France, dans ce magnifique pays qu’est la Creuse, département fort peu connu, en général, des autres habitants de l’hexagone. Certaines personnes, faites surprise que j’aie eu envie, […] de m’installer dans une région dont personne ne parle, me demandent parfois : C’est où, la Creuse?
Je réponds: Là où personne ne passe.
Et c’est vrai.
On ne passe pas en Creuse.On n’a a priori aucune raison de le faire, car ce département n’est sur le chemin d’aucune route attrayante vers le Sud.Â à€ la rigueur, si, par l’autoroute, vous filez vers Bordeaux et Toulouse, vous la frôlerez, cette Creuse – Mais vous n’y passerez pas. Rien à faire. Pour y aller, il faut le vouloir, sciemment. Vous ne la découvrirez pas par inadvertance.
Donc, n’étant sur le chemin de rien et pratiquement inconnu, bon nombre de gens qui n’y sont jamais allés, un pli de méfiance au-dessus du nez, qualifient ce pays d’ingrat, arriéré, paumé à l’exemple de cette personne qui répondit à ma sœur, apprenant qu’elle résidait en Creuse: Oh, ma pauvre!
Pour d’autres, plus rêveurs peut-être, moins conformistes ou citadins invétérés, la Creuse évoque un pays préservé, à l’écart de l’agitation, un territoire un peu mystérieux, comme un secret gardé quelque part ailleurs et au fond de soi, un paysage et une manière de vivre comme les ont connus nos grands-parents et ceux d’avant encore, au sein d’une nature omniprésente et en accord avec son rythme. Un écho nostalgique, un peu touchant mais lointain voire un peu inquiétant en ce qu’il suppose de régression pour ceux qui ont perdu le contact avec ce monde dit révolu .
Pour créer un jardin en pleine campagne, il faut être très patient, très obstiné, de cette obstination ferme et douce qui exclut tout énervement. Rien ne se fait en un jour, en une saison, ni même en plusieurs. L’amour doit être constant, la volonté souple. Aucune panique du temps qui passe ne doit troubler ce qui est en train de prendre forme : un espace privilégié, délimité arbitrairement au milieu du paysage environnant, que l’on soigne et embellit, pour son plaisir, sa famille et ses enfants, ceux qui passent. Un espace qui, au fil du temps, devrait refléter assez parfaitement les goûts et les aspirations esthétiques de son propriétaire, ses aspirations plus profondes, aussi, concernant l’harmonie et une manière de prendre la vie. Je pense sincèrement qu’un vrai jardin est toujours philosophique, sinon il n’est pas mais une philosophie naturelle, apprise et appliquée au jour le jour, qui ne tient à aucune spéculation théorique. Une philosophie pragmatique, pourrait-on dire.
Être patient, donc, obstiné et humble à la fois vis-à -vis de ce que l’on plante, et qu’on apprend à connaître, mais aussi vis-à -vis de ses voisins et des autochtones en général lorsqu’on s’installe dans un pays dont on n’est pas originaire, et qu’il s’agit, pour créer son espace privilégié, d’acheter un bout de champ mitoyen, un terrain communal touchant la maison, de détourner un chemin, même à ses frais, pour qu’il contourne le futur jardin au lieu de passer au milieu, d’échanger quelque lopin de terre contre un taillis, etc. Pour tout cela, dix, quinze, vingt ans passent comme une saison, et il ne faut pas s’en effrayer. Simplement considérer avec contentement ce qui est acquis, le cultiver avec soin sans ménager ses efforts on vous juge, pendant ce temps, sur votre aptitude aux travaux champêtres et votre respect de la nature, poursuivre tranquillement ses travaux, son rêve, et surtout– rester là !
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Here’s my rough English translation for the French impaired:
I am fortunate to have a large and beautiful garden. It is located in central France, in this great country of La Creuse department, little known, in general, by the other inhabitants of the hexagon. Some people, amazed that I wanted […] to move to an area of which no one speaks, sometimes ask me: “This is where exactly, La Creuse?”
I answer: “Where no one passes.”
And it’s true.
No one “passes” in the Creuse.
One has a priori no reason to do so, because this department is not on the way of any road to the South. In a pinch, though, if by the highway, you head to Bordeaux and Toulouse, you pass just next to La Creuse… But you do not stop there. Nothing to do. To get there, you must want, knowingly. You do not inadvertently discover.
So, being on the road to nothing and virtually unknown, many people who have never been there, a wrinkle of distrust over the nose, qualify this country as “ungrateful”, “backward”, ” lost “- the example of the person who replied to my sister, learning that she resided in Creuse: “Oh, my poor…”
For others, perhaps more dreamers, less conformist or inveterate city dwellers, the Creuse evokes a preserved country, away from the bustle, a territory a little mysterious, like a secret kept somewhere else and at the bottom of itself, a landscape and a way of life as have known our grandparents and those before too, in a ubiquitous nature and in keeping with its pace. A nostalgic echo, a little distant but touching – even a little disturbing in that it involves regression for those who have lost touch with this world called “revolutionary.”
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To create a garden in the middle of the countryside, one must be very patient, very obstinate: firm and gentle obstinacy which excludes any nervousness. Nothing is done in one day, in a season, or even more. Love must be constant, the will supple. No panic of passing time should disturb what is taking shape: a privileged space, defined arbitrarily in the middle of the surrounding landscape, which can heal and beautify, to his pleasure, his family and his children, and all who pass. A space that, over time, should reflect quite well the tastes and aesthetic aspirations of its owner, its deepest aspirations, too, for harmony and a way of taking life. I sincerely believe that a true garden is always philosophical, otherwise it is not- but it is a natural philosophy, learned and applied from day-to-day, that does hold to any theoretical speculation. A pragmatic philosophy, one might say.
Be patient therefore, determined and humble vis-Ã -vis what one plants (and thus what one begins to understand), but also vis-Ã -vis ones neighbors, and in general when one has settled in a country where one is not born, and in it tries to create a privileged space, buy a headland adjoining, common land touching the house, to divert a path (even at its expense, for it bypasses the future garden instead of going through the middle), share some piece of land against a copse, etc… For all that, ten, fifteen, twenty years as seasons pass, and one must not be frightened. Just look contentedly at what is acquired, cultivate carefully sparing no effort – we judge you, meanwhile, on your ability to handle farm work and your respect for nature – pursuing ones work quietly, dream, and above all… Stay there!